lundi 5 octobre 2020

5 octobre 2020 L'exemple d'ÉPISOL À GUESNAIN


Un peu moins de 300 familles sont adhérentes à l’épicerie où elles viennent faire une partie de leurs courses.

L’épicerie solidaire que l’ancien président de la République François Hollande est venu visiter le 23 juin aide des personnes en difficulté en ayant elle-même des problèmes financiers récurrents. Mais dynamisme et ambition, bénévolat des adhérents et partenariat débouchent sur un succès certain de ses actions. 


GUESNAIN.

C’est par un passage en béton bien abîmé où il faut regarder où l’on met les pieds qu’on accède aux locaux d’Épisol 59, boulevard Pasteur, où François Hollande a été accueilli en juin en qualité de président de la Fondation La France s’engage. Ces locaux, pas si grands, qu’Épisol 59 loue, sont peu avenants : éclairage néon, mobilier récupéré. Le petit bureau de la directrice, Sophie Deretz, déborde de dossiers, de classeurs. Mais dans la longue pièce principale, où sont proposées les denrées alimentaires, un coin café est installé, des dessins d’enfants sont épinglés au mur, le programme des activités est affiché et des bénévoles s’activent à leurs tâches.

«Une partie de notre public, au début  du mois, s’il met face à l’argent dont il dispose  ce qu’il doit payer comme charges arrive à 0€. 

DES DONS DE LA GRANDE DISTRIBUTION

Épicerie solidaire est en l’occurrence un terme trop réducteur. « L’aide alimentaire est en quelque sorte un produit d’appel, précise Sophie Deretz, la directrice. Les gens que l’on reçoit viennent pour ça. » Sans savoir qu’ils s’apprêtent à commencer un circuit qui vise à les sortir de la douloureuse impasse où ils sont bloqués.

L’adhésion se fait sous conditions de ressources. « U ne partie de notre public, au début du mois, s’il met face à l’argent dont il dispose ce qu’il doit payer comme charges, arrive à 0 € voire un chiffre négatif… », indique Corinne Tabaka, présidente de l’association.

Ce sont les dons de la grande distribution, mais citons aussi ceux de deux boulangeries-pâtisseries, qui permettent de remplir les rayons. « À chaque adhérent, on attribue une somme mensuelle à dépenser ici. Ça peut être 28 €, ce qui ne semble rien. Mais on vend les marchandises entre 10 % et 30 % de leur valeur selon les capacités financières de chacun. 28 € peuvent représenter 280 € », complète M me Deretz.

TROUVER UNE SORTIE ?

L’adhésion est suivie d’un examen de la situation de « l’entrant ». Financière d’abord puisque c’est ce qui l’a poussé, obligé à venir ici. « On regarde et on établit les priorités. Certains sont asphyxiés par des frais bancaires pour des découvertsetc. On leur rappelle qu’il existe une offre spécifique que leur banque ne peut refuser et qui diminue considérablement ces frais. C’est une économie considérable. On regarde s’ils sont à jour de leurs droits, l’état de leur logement, la possibilité d’engager une formationetc.et on leur trouve un accompagnant : une assistante sociale, un membre d’une association partenaire pour les suivre », précise M me Deretz. Le circuit a débuté.

Des problèmes et contrariétés tous les jours 

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Comme postes où les ennuis viennent de tous les côtés, avec une rémunération sans commune mesure, trouve-t-on mieux ?
Les trois personnes employées par l’association (dont M me Deretz) ont le cuir solide. Le budget d’Épisol est à l’image de celui des adhérents : à la fin de l’année il ne reste rien. L’asso sort de trois budgets déficitaires. C’est la vente des produits, 50 000 €, qui rapporte le tiers des recettes. Le Département donne 20 000 €, 12 000 € pour Douaisis Agglo avec l’État et la Région (« On est bien reconnus par Douaisis Agglo »), idem pour Cœur d’Ostrevent, revenu mettre au pot (avec l’État et la Région), la CAF et diverses fondations (L’Oréal, etc.).
RETROUVER UNE VIE SOCIALE
Et toujours, des gens qui se présentent au bord du désespoir. « Depuis quelque temps on voit arriver des migrants, des gens du voyage, dernièrement un réfugié irakien qui ne parlait qu’anglais. » Et régulièrement des cas qui serrent le cœur, comme cette grand-mère qui a récupéré les enfants de son fils en prison.
Le ciment qui fait tout est peut-être de forcer les uns et les autres à participer à la vie de l’association. « On veut que la personne retrouve l’envie d’agir. Pour cela on lui demande un certain temps de bénévolat où elle se crée des contacts, se resitue. » Elle doit également participer à un atelier tous les six mois : finances, cuisine sans gaspillage, etc., mais aussi… sophrologie. S’y ajoute un bilan santé avec la Sécu, etc. En fait une large palette.
« En moyenne, ceux qu’on reçoit restent ici deux ans. Sinon, le temps nécessaire pour s’en sortir », complète M me Deretz. Dis comme ça, on en arriverait presque à penser que c’est simple.


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