mercredi 7 janvier 2015

408 partis politiques en France, qui dit mieux ? À Guesnain, les électeurs semblent las et désabusés comme dans beaucoup de villes...

À Guesnain, les partis politiques n'ont plus la cote, à tel point qu'aux dernières élections municipales, le seul candidat "apolitique" ou sans parti faisait mieux que le front de gauche et le PS, C'est dire. Et pourtant, malgré ce rejet dans l'opinion, les partis continuent de se multiplier, à défaut d'entraîner l'adhésion des électeurs  qui se réfugient de plus en plus dans l'abstention...

La France comptait en 2013 408 partis politiques. Seuls 56 ont reçu une aide publique. Des « réserves » sont émises sur les comptes des « Amis de Nicolas Sarkozy ». Et le « Rassemblement » fait du chantage à l’UMP si elle veut reprendre ce nom…

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des partis politiques. 

La commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a publié son état annuel sur les partis et groupements politiques pour l’année 2013 (consultable ici). On constate qu’il existe pas moins de 408 partis recensés par la commission, soit 15 fois plus qu’en 1990. Mais seuls 56 sont éligibles à l’aide publique qui dépend des résultats des élections législatives. Il faut avoir obtenu au moins 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions pour commencer à recevoir des deniers publics. Ensuite, le nombre de parlementaires est pris en compte dans le calcul. Le non-respect de la parité entraine des pénalités. L’UMP en paie ainsi plus que le PS.

Total de 70 millions

Sur le montant global de 70 millions d’euros versés aux partis en 2013, le PS a reçu plus de 28,5 millions, l’UMP près de 20 millions, le FN 5,5 millions, EELV 3,5 millions et le PCF 3,2 millions d’euros.

Pourquoi autant de partis politiques sont-ils enregistrés ? 

Beaucoup sont en réalité ce qu’on appelle des micro-partis. Ces structures servent à contourner les règles de financement des partis politiques. Jusqu’il y a peu, les sympathisants pouvaient faire des dons aux partis politiques à hauteur de 7.500 euros par an et par parti. Or rien n’interdisait de donner trois fois 7.500 euros à trois micro-partis différents mais liés à la même personne ou à la même structure. Mais depuis 2013, la loi sur la transparence financière de la vie politique l’interdit. Une seule personne ne peut maintenant donner qu’au maximum 7.500 euros par an et pas davantage. Par ailleurs, les dons permettent une réduction d’impôt à hauteur de 66% des sommes versés, ce qui revient à une autre forme d’aide publique au financement des formations politiques.

« Mouvement clérocratique »

Parmi la kyrielle de partis, on trouve quelques noms étonnants, comme le « mouvement clérocratique », enregistré dans la Drome, dont l’objet est « la promotion et la mise en place de l’idée clérocratique en tant que mouvement politique ayant pour but de remplacer le système démocratique actuel »… Ou encore le « Comité central bonapartiste », en Corse.
D’autres ont un objectif plus clair, comme « l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth » ou « l’Association des amis d’Eric Ciotti » ou « les Amis de NKM ».

« Nous n’avons pu obtenir les devis »

Sur les 408 comptes vérifiés par la CNCCFP, 305 ont été déclarés conformes, dont 298 sans réserves et 7 avec « réserves des commissaires aux comptes ». On trouve dans les 7 partis incriminés, le « Parti communiste réunionnais », « le Mouvement écologiste indépendant » et… « Les amis de Nicolas Sarkozy ». Créée en 2012, l’association avait pour but d’entretenir la flamme en vue du retour de l’ancien Président. Son président est Brice Hortefeux, son secrétaire général Christian Estrosi et la trésorière Nadine Morano. Nicolas Sarkozy maintenu réélu à la tête de l’UMP, l’association va être dissoute. Il vaut peut-être mieux, vu la qualité de ses comptes, à en croire la Commission.
« Concernant les deux principales manifestations de l’année réalisées par le parti, nous n’avons pu obtenir les devis ou budgets acceptés et signés en amont de la facturation des prestations. De même, nous n’avons pu, faute d’informations, recouper la facturation contractuelle faite par le prestataire au titre des adhésions avec le nombre mensuel des adhésions pour la période de janvier à mai 2013. » écrit la CNCCFP dans son document. Des meetings organisés à Nice, ville de Christian Estrosi, puis à Arcachon, ont suscité « des interrogations », comme le relève Mediapart.
Autre point : « La commission a constaté que les « autres charges externes » constituaient un poste important du compte de résultat du parti dont l’augmentation a été significative entre les exercices 2012 et 2013 ». Ces « autres charges externes » s’élèvent à la modique somme de 331.749 euros. La Commission précise que le parti a ensuite fait parvenir « le détail » de ces charges avec les factures. Quant aux dons des personnes physiques, les amis de Nicolas Sarkozy ont été généreux à hauteur de 495.676 euros.

Le « Rassemblement » déjà déposé

Dernier point, qui pourrait concerner directement l’UMP cette fois. Parmi les 408 partis, on découvre qu’il existe déjà un mouvement répondant au nom de « Rassemblement ». Le petit parti se dit « attaché aux valeurs traditionnelles qui, depuis plus de mille ans, ont forgé notre patrie » et son dirigeant, Alain Bournazel, s’occupe d’une émission sur Radio courtoisie. Rassemblement, c’est justement le nom que pourrait prendre l’UMP au printemps. Nicolas Sarkozy veut en effet changer le nom du parti, marqué par l’affaire Bygmalion. Et Rassemblement tiendrait la corde.
Or le nom est déjà déposé en préfecture. Mais le vrai Rassemblement annonce, dans un communiqué publié lundi 5 janvier, qu’il est « disposé » à laisser l’UMP reprendre ce nom. Mais il pose ses conditions, qui ressemblent à un rapprochement UMP-FN : « La réintégration immédiate de tous les membres de l’UMP exclus ou en voie d’exclusion pour s’être prononcé en faveur d’unions locales regroupant l’ensemble de la droite, y compris le FN. (…) L’abandon de toute poursuite à l’égard des Jeunes Populaires mis en cause pour un réveillon privé ». Ou encore « l’adoption d’un programme véritablement patriote (…), conservateur (…) et libéral ». Faire chanter l’UMP. Nicolas Sarkozy devrait apprécier.

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